Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
CONTES SECRETS RUSSES

n’auras qu’à lui présenter de l’avoine, et de lui-même il sortira. »

Bref, l’ouvrier besogna si bien la fille du pope que, du coup, elle devint enceinte ; son ventre commença à s’arrondir ; à chaque instant elle allait à la cour ; l’enfant remuait dans son sein et elle croyait que c’était le cochon de lait ; elle venait sur le perron, levait la jambe et répandait de l’avoine par terre en disant : « Tchoukh, tchoukh, tchoukh ! » « Il sortira peut-être, » pensait-elle, « si je l’appelle ainsi. » Un jour le pope s’aperçut de la chose et il eut à ce sujet une conversation avec sa femme : « Notre fille est grosse, demandons-lui avec qui elle a succombé aux artifices du malin. » Les parents appelèrent leur fille : « Annouchka, viens ici ! Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi es-tu si alourdie ? » Elle regarda son père et sa mère sans leur répondre. « Qu’est-ce qu’ils me demandent ? » pensait-elle. « Allons, parle : comment se fait-il que tu sois enceinte ? » Nouveau silence de la jeune fille. « Mais réponds donc, imbécile : d’où vient que tu as une si grosse panse ? Ah ! maman, j’ai un petit cochon dans le ventre, c’est l’ouvrier qui me l’a mis ! » À ces mots, le pope se frappa le front et s’élança à la recherche de l’ouvrier, mais celui-ci n’avait pas attendu ce moment pour disparaître de la maison[1].


  1. Variante. — Le pope avait une truie pleine. Après le départ de l’ecclésiastique et de sa femme, elle mit bas