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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/116

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CONTES SECRETS RUSSES

son service un ouvrier. Ce dernier était un solide gars. Il se trouvait depuis trois mois chez l’ecclésiastique, lorsque la femme d’un riche paysan vint à accoucher. Le mari invita le pope à aller baptiser le nouveau-né et à assister au repas qui devait être donné à cette occasion. « Je vous en prie, batouchka, » ajouta-t-il, « amenez-nous aussi votre femme. » On sait que les gens d’église se régalent volontiers à la table d’autrui. Le pope attela donc sa charrette et partit avec sa femme, hissant chez lui sa fille en compagnie de l’ouvrier. Celui-ci eut faim et justement il y avait à la maison deux cochons de lait que la popadia avait fait cuire. « Écoute ce que je vais te dire, » commença l’ouvrier en s’adressant à la fille de son maître, « mangeons ces cochons de lait puisque nous sommes seuls ici. — Soit. » Il alla aussitôt chercher un des cochons de lait et le mangea avec la jeune fille. « Quant à l’autre, » dit-il ensuite, « je vais le cacher sous ta robe, pour qu’on ne le trouve pas, et plus tard nous le mangerons aussi. Si le pope et la popadia nous questionnent au sujet des cochons de lait, nous répondrons tous les deux que le chat les a mangés. — Mais comment donc le cacheras-tu sous ma robe ? — Ce n’est pas ton affaire ! Je sais comment. — Allons, c’est bien, cache-le ! » Il ordonna à la jeune fille de se baisser, la retroussa et lui mit son υιτ au κον. « Ah ! que tu le caches bien ! » dit-elle, « mais comment le retirerai-je de là ? — Sois tranquille, tu