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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/121

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CONTES SECRETS RUSSES

j’irai chercher à manger pour les bêtes et je m’occuperai de toi. — Merci, batouchka ! »

La paysanne se rendit le soir à la remise du pope. « Allons, ma chère, couche-toi sur la paille. » Elle se coucha et écarta les jambes ; le pope la βαισα à six reprises, puis il lui dit : « Retourne chez toi et que Dieu t’assiste ! À présent tout ira bien. » Après avoir prodigué au pope les salutations et les actions de grâces, la paysanne se retira.

Quand le moujik revint chez lui, sa femme le reçut de l’air le plus maussade. « Pourquoi donc me fais-tu une pareille mine ? » lui demanda-t-il. — « Laisse-moi donc ! Tu ne sais rien faire comme il faut : tu es parti d’ici sans avoir achevé l’enfant ! Par bonheur, le pope a eu pitié de moi, il y a mis la dernière main ; autrement je t’aurais donné un monstre ». Le moujik vit qu’il avait été cocufié par le pope. « Attends un peu, » pensa-t-il, « je te revaudrai cela ! »

Arrivée à son terme, la paysanne mit au monde un garçon. Le mari se rendit chez le pope et le pria de venir baptiser le nouveau-né. L’ecclésiastique alla procéder à la cérémonie ; ensuite il s’assit à table, but de l’eau-de-vie et la trouva excellente. « Qu’elle est bonne ! » dit-il au maître de la maison ; « tu devrais envoyer chercher ma femme ; elle en boirait volontiers aussi. — Je vais y aller moi-même, batouchka. — Vas-y, mon cher ».

Le paysan alla inviter la popadia. « Merci d’avoir pensé à moi, je vais m’habiller tout de suite, »