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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/122

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CONTES SECRETS RUSSES

répondit-elle. Aussitôt elle prépara sa toilette, mit sur un banc des boucles d’oreilles en or et commença ses ablutions. Profitant du moment où elle passait sur ses yeux un essuie-mains mouillé, le moujik s’empara des boucles d’oreilles. Quand elle se fut lavée, la popadia les chercha et ne les retrouva pas. « N’est-ce pas toi, moujik, qui les as prises ? » demanda-t-elle au paysan. — « Comment, est-ce possible, matouchka ! J’ai vu pourtant où elles se sont fourrées, mais ça ne peut pas se dire. — N’importe, dis-le ! — Tu t’es assise sur le banc, matouchka, et ton κον les a avalées. — Est-ce que tu ne pourrais pas les retirer de là ? — Soit, pour te faire plaisir, j’essaierai ! » Il la troussa, la βαισα par deux fois et mit ensuite une des boucles d’oreilles au bout de son υιτ. « Tiens, matouchka, vois-tu, j’en ai retrouvé une ! » Après deux nouvelles opérations du même genre, l’autre boucle fut aussi retrouvée. « Tu t’es donné bien du mal, pauvre homme », dit la popadia, « mais j’ai encore un service à te demander : il y a deux ans, nous avons perdu un pot de cuivre, cherche un peu s’il n’est pas là aussi. » Le paysan la besogna encore deux fois. — « Non, matouchka, impossible de l’avoir ! Le pot est là, mais il est retourné sens dessus dessous, il n’offre aucune prise. »

Cette affaire finie, le paysan revint chez lui, accompagné de la femme du pope. Celle-ci, au moment de prendre place à table, dit à son mari :