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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/124

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CONTES SECRETS RUSSES

veille attentivement sur ta conduite. » Ayant ainsi parlé, il se mit en route. La chose se passait pendant le grand carême. La paysanne se disposa à remplir le devoir pascal et alla à confesse. C’était une jolie femme. « Pourquoi as-tu le ventre gros ? » lui demande le pope, tandis qu’elle était au confessionnal. — « J’ai péché, batouchka, j’ai vécu avec mon mari, je sois devenue enceinte et maintenant il est allé à Moscou. — Comment, à Moscou ? — Oui, batouchka. — Et il doit y rester longtemps ? — Environ un an. — Ah ! le coquin, il a commencé un enfant et il ne l’a pas achevé : c’est un péché mortel ! Il n’y a pas à dire : je suis ton père spirituel, et je dois finir ton enfant, mais pour ma peine tu me donneras trois pièces de toile. — Aie cette bonté, » supplia la femme, sauve-moi du péché mortel, achève l’enfant ; mais, pour ce qui est de ce coquin, quand il reviendra de Moscou, je lui arracherai les deux yeux ! — Eh bien ! ma chère, je suis prêt à te rendre service ; le cas est urgent puisque tu accoucheras avant le retour de ton mari. » Naturellement, le pope s’empressa de tenir sa promesse.

Mais cet ecclésiastique était marié, il avait même deux filles, et sa grande crainte était que son épouse n’eût vent de la chose. Il y avait déjà longtemps que la paysanne avait accouché quand son mari revint de Moscou. En le voyant entrer dans l’izba, elle se mit à l’invectiver violemment : « Ah ! fils de