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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/125

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CONTES SECRETS RUSSES

chienne, coquin ! Il me recommandait d’être sage, et lui-même est parti sans avoir achevé l’enfant qu’il m’avait fait ! C’est encore bien heureux que le batouchka ait terminé l’ouvrage ; autrement j’aurais été dans une belle position ! » Ces paroles ne laissèrent aucun doute au paysan sur son malheur conjugal. « Patience ! » se dit-il, « cet hérétique à longue crinière n’aura pas le dernier mot avec moi ! » À quelque temps de là, le pope, qui habitait tout à côté de l’église, était en train de célébrer la messe ; on était en été, le paysan se disposa à aller travailler dans son champ. Comme il avait besoin d’une herse et que le pope en possédait trois chez lui, le moujik l’alla trouver à l’église pour lui en demander une. Craignant toujours que ses fredaines n’arrivassent à la connaissance de sa femme par l’intermédiaire du moujik, le pope n’osait rien refuser à ce dernier. « Prends-les toutes trois, » répondit-il. — « Mais, en ton absence, batouchka, on ne me les donnera pas ; crie par la fenêtre à la popadia qu’on me les donne toutes trois. — Bien, mon cher, va ! » Le paysan se présenta à la femme du pope et lui dit : « Madame, le batouchka veut que vous me donniez toutes trois votre κον. — Tu as perdu l’esprit, sans doute, mon cher ? — Demande-lui toi-même, il vient de me le dire à l’instant. « La popadia cria à son mari : « Pope ! Tu veux que nous donnions au moujik ?… — Oui, oui, donnez toutes les trois. » Il n’y avait qu’à s’exécuter, c’est ce