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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/141

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CONTES SECRETS RUSSES

« Comment, impies, vous l’avez envoyé travailler un jour comme aujourd’hui ? Vous n’avez donc pas la crainte de Dieu ? — Ce n’est pas nous qui l’avons envoyé, il y est allé de lui-même. — Va le chercher, » ordonna le pope à sa fille aînée, « dis-lui de venir dîner. »

La jeune fille courut à la remise. « Qu’est-ce que tu cuisines là, ouvrier ? » demanda-t-elle. — Quelque chose de bon ! — Laisse-moi y goûter ! — Laisse-moi te βαισερ ! » La fille du pope se retroussa et l’ouvrier la βαισα ; après quoi, il lui donna de son fricot. — « Mais c’est de l’eau ! » dit-elle quand elle y eut goûté, et elle se retira. Le pope, lorsqu’il la vit rentrer dans l’izba, lui demanda : « Pourquoi donc l’ouvrier ne vient-il pas ? — Il travaille. — Imbécile ! tu devais lui dire de tout laisser là et de venir dîner. Va le chercher, toi, » ajouta-t-il en s’adressant à sa seconde fille, « et ramène-le ici. » La jeune fille alla aussitôt à la remise et fit la même question que sa sœur : « Qu’est-ce que tu cuisines, ouvrier ? — Quelque chose de bon ! — Laisse-moi goûter de ton fricot ! — Laisse-moi te βαισερ une fois ! » Elle y consentit et, quand l’ouvrier l’eut βαισέε, il lui offrit de son fricot. « C’est de l’eau ! » observa-t-elle, et elle retourna en hâte à la maison. — « Eh bien ! et l’ouvrier ? » lui demanda son père. — « Il ne vient pas, il est toujours occupé. » Le pope envoya à la remise sa plus jeune fille qui, à son tour, demanda : « Ouvrier, qu’est-ce que tu