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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/142

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CONTES SECRETS RUSSES

fricotes ? — Quelque chose de bon ! — Laisse-moi y goûter ! — Laisse-moi te βαισερ une petite fois. » La jeune fille montra la même complaisance que ses sœurs et, en retour, l’ouvrier lui fit boire à elle aussi de l’eau de sa marmite, après quoi elle revint à l’izba. « Vous êtes toutes des imbéciles ! » déclara avec colère le pope. « Vas-y, ma femme, dis à cet homme de venir tout de suite. »

La popadia se rendit à la remise. « Qu’est-ce que tu tripotes là, ouvrier ? » commença-t-elle. — Quelque chose de délicieux. — Laisse-moi en manger une bouchée. — Si tu me permets de te βαισερ. » La popadia se rebiffa d’abord, mais l’ouvrier tint bon, et comme elle avait grande envie de savoir ce qu’il cuisinait là, elle se laissa βαισερ pour obtenir la faveur de boire un peu d’eau. « Eh bien ! matouchka, » lui demanda ensuite l’ouvrier, « mon fricot est-il bon ? » Ils vidèrent ensemble la marmite et allèrent dîner. « Pourquoi, imbécile, n’es-tu pas venu plus tôt ? » dit le pope, « c’est un péché de travailler aujourd’hui. » Tout le monde se mit à table ; on servit un pâté, le pope le découpa et en distribua une tranche à chacun des convives. La popadia offrit la sienne à l’ouvrier : « Tiens, » dit-elle, « je te donne ma part, ouvrier : c’est pour la chose de tantôt ! »[1]. Les jeunes filles s’empressèrent d’imiter l’exemple donné par

  1. Variante. — « Pour ton bon fricot ».