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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/146

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CONTES SECRETS RUSSES

dans l’eau et se mit à chercher le peigne, mais elle eut beau fouiller le lit de la rivière, ce fut peine perdue.

Vint à passer un barine en équipage. « Qu’est-ce que tu cherches, ma chère ? demanda-t-il. « Un peigne ; je l’avais acheté cent roubles à notre ouvrier, mais, en partant de chez nous, il l’a emporté ; je me suis mise à sa poursuite et il l’a jeté à l’eau. » Ce barine descendit de voiture, ôta son pantalon et entra dans la rivière pour chercher le peigne avec la jeune fille. Tout à coup son υιτ attira l’attention de la popovna, elle l’empoigna aussitôt des deux mains en criant : « Ah ! barine, tu devrais être honteux ! c’est mon peigne, rends-le-moi[1] ! — Qu’est-ce que tu fais, déhontée ? » dit l’autre ; « lâche-moi ! — Non, c’est toi-même qui es un déhonté ! Tu veux prendre ce qui ne t’appartient pas. Rends-moi mon peigne ! » Et, tenant toujours le barine par le υιτ, la popovna le ramena chez son père.

Celui-ci était à sa fenêtre ; il vit sa fille qui tirait le barine par l’endroit le plus sensible et ne cessait

  1. Variante. — La popovna chercha son peigne dans la rivière ; arriva le pope qui se mit à fouiller avec elle au fond de l’eau ; il releva sa soutane ; quant à son pantalon, il l’avait laissé sur la rive. La jeune fille, apercevant le υιτ de son père, commença à crier : « Batouchka, rends-moi mon peigne ! » Le pope resta interloqué, mais sa fille poursuivit de plus belle : « Rends-moi mon peigne ! »