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CONTES SECRETS RUSSES

s’adressant à ses sœurs, « comme l’ouvrier m’a bien chauffé le κυλ ! Lui et moi nous ruisselions de sueur ! » À leur tour les deux cadettes s’empressèrent d’aller trouver l’ouvrier et il les approvisionna aussi de chaleur pour l’hiver ; mais, pour ce qui était de son travail, il ne s’en occupa guère.

Le pope arriva avec sa fille aînée et, voyant le peu de foin qui avait été fauché, il dit d’un ton plein d’assurance : « Ouvrier, tu ferais mieux de retourner chez toi ; ma fille n’aura pas de peine à sauter par-dessus cela. — C’est ce que nous verrons. » Le pope ordonna à sa fille de sauter, mais au moment où elle venait de relever sa robe pour obéir à l’ordre de son père, une inondation se produisit le long de sa personne. « Tu vois bien ! » observa l’ouvrier ; « et tu parlais avec tant d’aplomb ! » Le pope, vexé, envoya chercher ses deux autres filles. « Si aucune des trois ne saute par-dessus le foin, » déclara-t-il à l’ouvrier, « je te donnerai cent roubles pour chacune d’elles. — Bien. » Mais il arriva aux deux cadettes ce qui était arrivé à leur aînée. Après avoir reçu du pope trois cents roubles, l’imbécile revint chez lui. « Tenez, » dit-il aux siens, « voilà ce que j’ai gagné avec mon υιτ ! Voyez un peu quelle somme il m’a rapporté ! »