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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/159

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CONTES SECRETS RUSSES

paysan. Ce dernier vit cela de sa fenêtre et dit à sa femme : « Regarde un peu, notre vache nous en a ramené sept autres. Ce qu’a lu le pope était la vérité : la parole de Dieu se réalise toujours ! Et tu me faisais des reproches, encore ! À présent, nous ne manquerons ni de lait ni de viande. » Il ne fit qu’un saut jusqu’à la cour, poussa toutes les vaches dans son étable et les y enferma.

Cependant le pope, voyant que la nuit est venue et que ses vaches ne sont pas encore rentrées, se met à les chercher dans le village. Il va chez le paysan et lui dit[1] : « Pourquoi, mon cher, as-tu fait entrer chez toi des vaches qui ne t’appartiennent pas ? — Qu’est-ce que tu me racontes ? Il n’y a pas ici de vaches qui ne m’appartiennent pas, il y a les miennes, car Dieu me les a données : c’est ma brunette qui en a ramené chez moi sept autres, conformément à ce que toi-même, batouchka, tu as lu l’autre jour à l’église. — Tu plaisantes, fils de chien, ce sont mes vaches. — Non, elles sont à moi ! » La discussion s’échauffa et le pope finit par dire au paysan : « Allons, que le diable t’emporte ! reprends ta vache, mais rends-moi du moins les miennes. — Ne veux-tu pas un υιτ de chien ? »

  1. Variante. — Le pope se rendit chez le moujik ; la porte de celui-ci était fermée, l’ecclésiastique regarda par une fente : le moujik était en train d’écorcher les vaches du pope pour en faire des salaisons.