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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/160

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CONTES SECRETS RUSSES

En désespoir de cause, le pope déposa une plainte contre le moujik. L’affaire fut portée devant le tribunal de l’évêque. Ce dernier ne savait à qui donner raison, car il avait reçu de l’argent du pope et de la toile du paysan. « Je suis fort embarrassé, » leur dit-il, « pour décider entre vous, mais voici ce que j’ai imaginé : retournez maintenant chez vous, et demain, celui de vous qui arrivera le premier chez moi, celui-là aura les vaches. » Le pope retourna chez lui et dit à sa femme : « Fais attention à m’éveiller demain de grand matin. » Mais le moujik ne fut pas bête : au lieu de regagner sa demeure, il s’avisa de se fourrer sous le lit de l’évêque : « Je vais passer toute la nuit ici, » se dit-il, « je ne dormirai pas, et demain à la première heure je serai sur pied ; comme cela, je soufflerai les vaches au pope. »

Pendant que le moujik est couché sous le lit, il entend quelqu’un frapper à la porte. L’évêque se lève tout de suite, va ouvrir et demande : « Qui est là ? — C’est moi, la mère abbesse, père ! — Eh bien ! mère abbesse, couche-toi sur le lit. » Elle obéit. Le prélat se mit alors à lui palper les tétons. « Qu’est-ce que tu as là ? » demanda-t-il. — « Saint père, ce sont les montagnes de Sion, et en bas ce sont les vallées. » L’évêque lui tâta le nombril : « Et cela, qu’est-ce que c’est ? — C’est le nombril de la terre. » La main de l’évêque, descendant plus bas encore, saisit le κον de l’abbesse : « Et cela, qu’est-ce que c’est ? — Cela, père,