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CONTES SECRETS RUSSES


L

LE POPE AVIDE


Un pope avait une cure importante, mais il était si intéressé que, pendant le grand carême, il n’exigeait pas moins d’un grivennik[1] de tout fidèle qui se présentait au tribunal de la pénitence ; ceux qui ne lui apportaient pas cette somme, il refusait de les confesser et les accablait d’injures : « Quelle bête à cornes ! Pendant toute une année tu n’as pu mettre de côté un grivennik pour l’offrir à ton père spirituel quand tu viendrais à confesse ! Et il prierait Dieu pour des maudits comme vous !… » Un jour, un soldat vint pour se confesser à ce pope et, sur le rebord du confessionnal, il déposa un simple piatak[2] de cuivre. À cette vue, l’ecclésiastique entra dans une violente colère : « Écoute, maudit ! » vociféra-t-il, « comment l’idée t’est-elle venue d’apporter à ton père spirituel un piatak de cuivre ? C’est une plaisanterie, sans doute ? — Voyons, batouchka, est-ce que j’ai le moyen de vous offrir plus ? Je donne ce que j’ai. — Pour les putains et les cabarets

  1. Le grivennik = 10 kopeks ou 40 centimes de notre monnaie.
  2. Pièce de cinq kopeks.