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CONTES SECRETS RUSSES

courut à l’endroit où il avait déposé son bonnet, mais il ne l’y trouva plus. Force fut au pope de retourner chez lui nu-tête. Rentré au presbytère, son premier soin fut d’envoyer chercher le soldat. « Que me voulez-vous, batouchka ? » demanda celui-ci. — « Allons, mon cher, dis-moi la vérité : tu as volé mon bonnet ? — Je ne sais pas, batouchka, si c’est le vôtre que j’ai volé, mais ces bonnets-là, plus personne n’en porte excepté les popes. — Et où l’as-tu pris ? — Je l’ai trouvé dans votre église, accroché à une canne de pope, tout près du chœur. — Ah ! fils de chien, comment as-tu osé voler le bonnet de ton père spirituel ? — Mais vous-même, batouchka, m’avez absous de ce péché. »



LI

LE RIRE ET LE CHAGRIN


Dans certain pays vivait un pope qui, demeurant près d’un cours d’eau, passait les voyageurs d’une rive à l’autre. Un jour un bourlak[1]

  1. On appelle ainsi les ouvriers employés au halage sur le Volga.