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XI
DU TRADUCTEUR

pression d’idées et de sentiments identiques. Or, ce que nos ancêtres furent dans les temps féodaux, les Russes l’ont été, à peu de chose près, jusqu’à ces dernières années. Quoi d’étonnant si les uns et les autres, opprimés par l’autorité ecclésiastique et séculière, ont également criblé de leurs moqueries vengeresses le prêtre et le seigneur ? Quant à la malice féminine qui, dans les skazki comme dans nos vieux fabliaux, joue un rôle si considérable, n’est-ce pas, depuis l’Ève séduisante et perverse de la Bible, l’éternel sujet autour duquel évoluent toutes les littératures ?

À supposer même que des éléments étrangers soient entrés dans la composition de ces contes, ils n’en reflètent pas moins l’image intellectuelle du peuple qui les a élaborés en totalité ou en partie. Si nous faisions ici œuvre de critique, nous montrerions sans peine que le génie Russe, avec ses qualités et ses lacunes caractéristiques, se révèle — à l’état d’ébauche, si l’on veut, mais très visiblement — dans les naïfs récits des conteurs de l’izba. Il ne faut pas y chercher ce feu d’imagination que possèdent les novellieri Italiens et qui chez eux purifie jus-