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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/178

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CONTES SECRETS RUSSES

de la graisse, et une si bonne graisse, plus douce que du miel ! » La mère devina la vérité ; elle fit venir la mendiante et l’interrogea : « Tu as mené ma fille au bain et tu l’as frottée avec de la graisse ? — Oui, madame. — Frotte-moi aussi. — Volontiers. » Elle courut aussitôt chez le jeune homme : « Habille-toi et viens vite : la marchande veut être graissée ! » On se rendit à l’établissement de bains. La vieille banda les yeux de la marchande, la coucha sur un banc, et le jeune homme procéda avec la mère comme il l’avait fait avec la fille. Au cours de l’opération, la marchande arracha brusquement le mouchoir qu’elle avait sur les yeux et, en apercevant le gars, elle l’embrassa pour le récompenser de son travail. « Eh bien ! mon garçon, » lui dit-elle, « je suis mariée depuis vingt ans, et une pareille jouissance m’était encore inconnue. Voici cent roubles pour toi ; sois le mari de ma fille. » Le jeune homme épousa la riche héritière, et il y eut à cette occasion un grand dîner ; j’y ai moi-même assisté, j’ai bu du vin et de l’hydromel : on en avait à bouche-que-veux-tu !

Autre version

Un soldat était adonné à la boisson ; souffrant d’un asthme, il alla trouver une femme qui pratiquait la médecine. Quoique avancée en âge, cette femme avait encore du tempérament. En aperce-