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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/177

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CONTES SECRETS RUSSES

alors du sang sous elle : « Qu’est-ce que c’est que cela, grand’mère ? — C’est du mauvais sang que tu as rendu ; tu vas mieux ? — Oui, grand’mère ! Ah ! tu as là une fameuse graisse, elle est plus douce que du miel ! Ne me frotteras-tu pas encore ? — Est-ce que tu en veux encore ? — Oh ! oui, grand’mère ! voilà que le ventre recommence à me faire un peu mal ! » La vieille lui banda de nouveau tes yeux, la fit coucher sur le banc, et le jeune homme se remit à l’ouvrage. « Frotte, grand’mère, frotte, ta graisse est excellente ! » dit la fille du marchand. Quand il eut achevé sa besogne, le gars disparut. La malade se leva : « Grand’mère, » fit-elle, « apporte-moi de cette graisse ; voici cent roubles pour les soins que tu m’as donnés. » Ainsi finit l’affaire.

Voilà que le jeune homme revient devant la maison du marchand avec son antienne accoutumée : « Je me suis engoué à manger de l’oie. » À quoi la jeune fille répond, en criant par la fenêtre. « Il a mangé du suif de chandelle avec son kacha ! » Et le gaillard de répliquer : « Frotte, grand’mère, frotte ; ta graisse est excellente ! »

Cependant la taille de la jeune fille prenait un développement anormal ; sa mère s’en aperçut : « Qu’est-ce que cela, ma fille ? » lui demanda-t-elle, « tu ne sors pas de la maison et pourtant ton ventre devient énorme. — Ah ! ma mère, vois-tu, c’est depuis que cette vieille bonne femme m’a conduite au bain : elle m’a frotté le ventre avec