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CONTES SECRETS RUSSES

un soulagement ? » demanda la vieille, « il me semble qu’elles sont toutes crevées ! — Comment donc, grand’mère ! À présent, je vais beaucoup mieux ! » Le militaire se cacha, la malade se releva, remit ses vêtements et sortit.

Le lendemain, la jeune fille, maintenant large comme un entonnoir, rencontra le soldat et commença à le taquiner : « Il a besogné la vieille, il a besogné la vieille ! — Mais c’est meilleur avec l’onguent de goudron ! » répondit-il.



LIII

LE CHALUMEAU MERVEILLEUX


Dans certain pays vivait un villageois dont la pauvreté était indescriptible. Un jour un barine le fit venir et lui dit : « Écoute, moujik : tu ne paies pas de redevance et il n’y a rien à saisir chez toi ; pour t’acquitter, tu vas rester trois ans attaché à mon service. » Le paysan passa un an, puis deux, puis trois dans la domesticité du barine ; celui-ci vit que le moujik allait avoir bientôt fini son temps et se dit : « Quel prétexte trouverai-je pour garder encore ce serf chez moi pendant trois