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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/185

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CONTES SECRETS RUSSES

lumeau, le lièvre s’est élancé hors de la calèche et je n’ai plus pu le ravoir. »

Le lendemain, la barinia se rendit de nouveau auprès du paysan, et entre eux s’engagea le même dialogue que la veille : « Qu’est-ce que tu fais, moujik ? — Je tresse des chaussures de tille et je garde le troupeau de mon maître. — Où est-il donc ce troupeau ? » Le moujik joua du chalumeau et aussitôt accoururent vers lui tous les lièvres. La barinia manifesta le désir d’en acheter un. — « J’ai fait un vœu, » lui fut-il répondu. — « Lequel ? — Laisse-moi te βαισερ. » La dame y consentit et, en retour, reçut un lièvre ; mais, le son du chalumeau s’étant fait entendre, l’animal la quitta aussitôt.

Le troisième jour, le barine lui-même se travestit et arriva en équipage. « Qu’est-ce que tu fais, moujik ? — Je fais paître des bestiaux. — Mais où sont-ils donc, tes bestiaux ? » Le moujik souffla dans son chalumeau, les lièvres accoururent vers lui. « Vends-m’en un ? — Pour de l’argent, non ; j’ai fait un vœu. — Quel vœu ? — À qui φουτρα une jument, je donnerai un lièvre. » Le barine se bouta contre une jument et fit le péché avec elle. Le moujik lui donna un lièvre et dit : « Tiens-le tout doucement, barine, autrement tu l’étrangleras. » Le barine prit le lièvre, mais, au moment où il s’éloignait dans son équipage, le paysan se mit à jouer du chalumeau ; cet appel fut entendu par l’animal, qui sauta hors de la voiture