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CONTES SECRETS RUSSES

toute la rue de ses hi, ho, ho ! — « Hi, hi, hi ! » fit à son tour la paysanne. Le pope mit à la hâte une soutanelle, s’élança hors de chez lui et s’approcha vivement de la femme. — « Eh bien ! matouchka, est-ce que cela ne se peut pas ? — Si fait, batouchka, mon mari se dispose à aller à la ville pour la foire ; seulement il ne peut trouver de chevaux nulle part. — Que ne le disais-tu plus tôt ? Envoie-le chez moi, je lui prêterai mes deux chevaux et ma voiture : qu’il aille faire ses affaires à la ville ! »

La femme revint chez elle et fit part de cette offre à son mari. Celui-ci alla aussitôt trouver le pope, qui l’attendait depuis longtemps. « Ayez la bonté, batouchka, de me prêter votre attelage pour aller à la foire. — Volontiers, mon cher, volontiers. » Le paysan retourna chez lui avec l’équipage du pope et dit à sa femme : « Eh bien ! la maîtresse, je vais aller au-delà du village, je resterai là un moment et puis je reviendrai. Pendant ce temps-là, libre au pope de venir s’amuser chez toi ! Quand j’arriverai ici et qu’il m’entendra cogner à la porte, il aura peur et te priera de lui indiquer une cachette ; mets-le dans le coffre où il y a du noir de fumée ; tu entends ? — Bien. » Le moujik monta en voiture et se rendit au-delà du village. Le pope, l’ayant vu s’éloigner, courut aussitôt chez la paysanne. « Bonjour, matouchka ! — Bonjour, batouchka ! Maintenant nous sommes libres, amusons-nous ! mets-toi à table et bois de