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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/214

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CONTES SECRETS RUSSES

nant, » dit ensuite le pope, « il est temps de se coucher ; fourrons-nous dans les draps et faisons l’amour. — Écoute, batouchka ! Puisque aussi bien, de toute façon, nous ferons un péché, mets-toi tout nu, ce sera plus gai. » Le pope se déshabilla complètement, mais, au moment où il se couchait sur le lit, on frappa avec violence à la porte. « Oh ! malheur à moi ! mon mari est revenu ! Monte dans la soupente, batouchka, et cache-toi dans le coffre. » Sans prendre le temps de se rhabiller, l’ecclésiastique suivit ce conseil et se coucha dans la suie. Le mari entra en maugréant dans la chambre : « Pourquoi, coquine, as-tu tant tardé à m’ouvrir ? » Il s’approcha de la table, but un verre d’eau-de-vie et mangea un morceau ; puis il sortit de la maison pour aller se remettre aux aguets. La femme s’empressa de retourner à la place qu’elle occupait tout à l’heure sous la fenêtre dans la rue.

Le diacre vint à passer, et avec lui se renouvela la même histoire. Quand le mari frappa à la porte, le diacre, tout nu, se fourra dans le coffre à la suie, où il tomba sur son supérieur : « Qui est là ? — C’est moi, » répondit le pope à voix basse, « et toi, mon cher, qui es-tu ? — Je suis le diacre, batouchka. — Mais comment se fait-il que tu sois ici ? — Et vous, batouchka, par quel hasard vous y trouvez-vous ? — Tais-toi, que le maître de la maison ne nous entende pas, autrement il nous arriverait malheur. »