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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/213

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CONTES SECRETS RUSSES


cheval ; il s’approcha de la jolie personne et lui dit : « Pourquoi, jeune femme, as-tu fait cette toilette ? C’est donc fête chez toi ? — Comment, fête ? C’est pour me distraire de mon chagrin que je me suis ainsi habillée : je suis maintenant seule à la maison. — Et ton mari, où est-il ? — Il est allé travailler au dehors. — Eh bien ! ma chère, on peut soulager ta peine ; laisse-moi loger chez toi, tu ne passeras pas la nuit toute seule. — Tu seras le bienvenu, batouchka ! — Mais que ferai-je de mon cheval ? — Conduis-le dans la cour, je dirai à l’ouvrier de le mettre à l’écurie. »

Ils entrèrent ensemble dans l’izba. « Au préalable, ma chère, » commença alors le pope, « il faut boire ; voici un rouble, envoie chercher de l’eau-de-vie. » L’ouvrier leur rapporta une bouteille de vodka ; ils se mirent à boire, tout en mangeant quelques hors-d’œuvre. « Allons, mainte-

    à tempêter contre sa femme : « Peste soit de toi ! Comment n’es-tu pas encore couchée à cette heure-ci ? » Il fit beaucoup de tapage, puis s’en alla. Peu après arriva le pope. La même mésaventure advint à ce nouveau visiteur : il se cacha dans le coffre et s’assit sur le propriétaire ; ce dernier le prit par la barbe : « C’est toi, batouchka ? — Oui, mon cher. » Vanka le gueux attela sa charrette, y mit le coffre et alla le jeter à la rivière. Ce ne fut pas sans peine que le pope et le propriétaire purent se sauver, Vanka resta en possession de leurs vêtements ainsi que de tout l’argent qui se trouvait dans leurs poches, et il vécut dès lors dans l’aisance avec sa femme.