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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/216

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CONTES SECRETS RUSSES

de la paroisse, noirs comme de vrais diables, s’élancèrent dehors et s’enfuirent à toutes jambes[1].

Autre version

Un moujik avait une jeune et jolie femme. Elle était aimée d’un pope, d’un diacre et d’un chantre. « Eh bien ! matouchka, » lui demanda le pope, « est-ce que cela n’est pas possible ? — Venez ce soir, batouchka, dès qu’il commencera à faire sombre. » Sollicitée de même par le diacre, elle lui dit : « Venez, père diacre, quand il fera tout à

  1. Variante. — Le pope arriva, et il venait à peine de boire un petit verre quand le mari cogna à la porte de l’izba. Que devenir ? « Assieds-toi ici, » dit la femme, et manœuvre ces meules ; à présent il fait sombre, il ne te reconnaîtra pas ; je lui dirai que c’est ma tante qui travaille. » Le pope se mit à la besogne. Dès que Vanka fut entré dans la maison, il appliqua une forte tape sur l’oreille de l’ecclésiastique : « Travaille, ma tante, travaille ! » Ensuite il cria à sa femme : » Allume du feu ! » Elle obéit. Vanka, regardant alors le pope, l’interpella violemment : « Eh ! diable velu, pourquoi es-tu venu ici ? » Force fut au pope d’avouer ce qu’il en était : « Je suis venu voir ta femme. — Donne cinq cents roubles pour ta rançon ! — Je te les donnerai, » répondit le pope, « mais laisse-moi la vie sauve ! — Il faudra aussi que tu chasses le diable de ma maison. » Le pope prit la croix et entonna un Te Deum. Vanka ouvrit le coffre, le propriétaire en sortit aussitôt dans un état de malpropreté repoussant et voulut prendre la fuite ; Vanka l’arrêta, lui extorqua aussi une rançon de cinq cents roubles et vécut dès lors à l’abri du besoin.