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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/223

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CONTES SECRETS RUSSES

ticules dans un état lamentable, se mit à invectiver violemment le pope : « Barbe de bouc ! Pourquoi ne nous as-tu pas dit comment on était reçu là ? Que le diable t’emporte ! Tu aurais dû seul avoir les κουιλλες brûlées. Oh ! mes pères, il m’en a cuit plus qu’à personne. — Ce n’est rien, mon cher. Puisque la coquine nous a trompés, allons tous maintenant la trouver dans son izba et réglons nos comptes avec elle de la bonne façon. »

Ils se rhabillèrent tant bien que mal et se rendirent clopin-clopant chez la femme du forgeron, qu’ils trouvèrent seule au logis. « Comment as-tu agi avec nous, friponne ? — Ah ! mes chers amis, » répond-elle, « je suis moi-même désolée que les diables aient ramené mon mari à la maison : il est revenu inopinément et le soir il est allé travailler à la forge. Asseyez-vous donc, mes amis, je vais m’arranger un peu ; nous avons toute la nuit à nous ; mon mari est maintenant à la forge et il y restera jusqu’au matin. » Les visiteurs s’asseyent. Tout à coup arrive le forgeron, il fait semblant d’être ivre, cogne à la porte et injurie sa femme : « Ouvre, putain ! » En entendant ce bruit et ces vociférations, les trois hommes se lèvent précipitamment. « Qu’allons-nous devenir maintenant ? — N’ayez pas peur, mes amis, » dit la kouznetchikha, « je vais vous cacher ; il est ivre, il ne tardera pas à s’endormir. Toi, batouchka, ôte vite tous tes vêtements et mets-toi tout nu dans le coin de devant : je dirai à mon mari que j’ai