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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/234

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CONTES SECRETS RUSSES

mite, » dit-elle, « comment faire périr le pope et son ouvrier ? — « Ô femme, femme ! » répondit Nicolas l’ermite, « les faire périr ce serait un péché, mais on peut les priver de la vue. Fais demain un grand nombre de blines au beurre, ils les mangeront et deviendront aveugles ; si, de plus, tu leur fais cuire des œufs, ils perdront l’ouïe après en avoir mangé. »

De retour chez elle, la femme prépara des blines ; le lendemain elle les mit au feu et fit cuire des œufs. Comme le pope et son ouvrier étaient sur le point d’aller travailler dans la campagne, elle les invita à déjeuner avant de partir ; puis elle leur servit des blines et des œufs, apporta du beurre, n’épargna rien. « Mangez cela avec du beurre, mes chers amis, » dit-elle, « ce sera meilleur ! » L’ouvrier avait fait la leçon au pope. Quand ils eurent mangé, ils commencèrent à dire : « Comme il fait sombre ! » et ils tentèrent de grimper sur le mur. — « Qu’est-ce que vous avez, mes amis ? — « Dieu nous a punis : nous ne voyons plus clair du tout. » La femme les aida à se coucher sur le poêle ; après quoi elle appela son bon ami, avec qui elle se mit à boire et à rigoler. « Laisse-moi te βαισερ, » lui dit le visiteur, « mais par derrière, comme le bouc fait à la chèvre. » La jeune femme tendit sa croupe et son amant monta sur elle. Aussitôt le pope et l’ouvrier, quittant la place qu’ils occupaient sur le poêle, tombèrent à bras raccourcis sur les deux coupables.