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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/238

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CONTES SECRETS RUSSES

pour nous faire une visite amicale, que tu es venu, polisson ! Il n’a encore rien bu ni mangé et il fait sous lui à table ! Va-t-en au diable, sois son gendre et non le nôtre ! » Ensuite la vieille appela sa fille et lui dit : « Eh bien, ma chère enfant, je ne te permets pas d’épouser ce cochon, épouse son frère : voilà le mari qu’il te faut ! » On relégua Lavr à l’écart, on donna sa place à Gritzka, puis le repas commença, la société but et mangea jusqu’au soir.

Arriva la nuit, il fallut aller se coucher. La maîtresse de la maison dit aux visiteurs : « Vous coucherez dans la nouvelle izba ; toi, ma fille, dresse là un lit pour ton futur ; quant à ce salaud, pas besoin de lui en préparer un, il n’a qu’à dormir sur le banc ! » Les deux jeunes gens vont se coucher ; tandis que Gritzka a un lit de plume, Lavr est réduit à s’étendre sur un banc ; il ne dort pas et ne songe qu’au moyen de se venger du tour que lui a joué son frère. Entendant Gritzka ronfler, il se lève, prend la table et va tout doucement la placer contre la porte, après quoi il se recouche sur le banc. À minuit, Gritzka s’éveilla, il quitta son lit et, pris d’un besoin, voulut sortir, mais au moment où il croyait arriver à la porte, il se heurta contre la table. « Qu’est-ce que cela veut dire ? Où est donc la porte ? » se demanda-t-il. Il revint sur ses pas et se mit à chercher, mais il eut beau se tourner de tous les côtés, il ne rencontra partout que des murs. « Qu’est-ce que la porte est