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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/237

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CONTES SECRETS RUSSES

prie humblement d’entrer dans la maison. » Elle l’entraîna à sa suite dans l’izba et le fit asseoir au haut bout de la table. Ne pouvant plus se contenir, Lavr laissa tout aller dans ses chausses, puis il se tint immobile à sa place, n’osant faire le moindre mouvement. Cependant la maîtresse de la maison s’empressait autour de ses hôtes ; elle leur servit une collation, prit un carafon d’eau-de-vie et remplit un verre qu’elle présenta au fiancé. Celui-ci se leva pour le prendre, mais en ce moment les matières fécales que recélait le fond de sa culotte glissèrent le long de ses cuisses et descendirent dans ses bottes : ce fut une infection par toute l’izba. « D’où vient qu’il pue ainsi ? » La belle-mère va fureter dans tous les coins : les mioches n’auraient-ils pas fait des ordures quelque part ? Non, on n’en voit aucune trace ; la vieille s’adresse aux visiteurs : « Ah ! mes amis, notre cour est fort malpropre ; l’un de vous a peut-être mis le pied dans un étron ; levez-vous, je vais voir si vos bottes ne sont pas sales. » Elle visita d’abord Gritzka et, n’ayant pas trouvé sur lui ce qu’elle cherchait, elle s’approcha de Lavr : « Eh bien ! mon gendre, à peine arrivé dans la cour, tu t’es dirigé vers le privé, ne t’es-tu pas embrené ? » Elle se mit à tâter les vêtements du jeune homme et, en lui touchant les genoux, elle se salit toute la main. Alors elle se répandit en injures contre Lavr : « Tu as perdu l’esprit, sans doute ? Que diable as-tu donc ? Assurément c’est pour te moquer de nous, et non