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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/248

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CONTES SECRETS RUSSES

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Un soldat qui revenait en congé reçut pour une nuit l’hospitalité chez un pope. Ce pope avait une fille dont le soldat avait entendu parler en chemin : on lui avait dit qu’elle était en relations intimes avec un jeune homme. Le souper fut servi et les maîtres de la maison se mirent à table avec leur hôte. « Où sers-tu, militaire ? » demanda le pope. — À Piter[1], batouchka. » — « Eh bien ! vois-tu souvent le tsar ? — À chaque instant. — Et qu’est-ce qu’on dit de nouveau chez vous ? — J’ai bien entendu parler de quelque chose, mais ça ne peut pas se répéter. — Dis-le donc, mon cher ! — Tu le sauras, quand l’oukaze aura été promulgué. — Allons, parle, je t’en prie ! — Eh bien ! batouchka, » répondit le soldat vaincu par les instances de l’ecclésiastique, « il va y avoir une tenue obligatoire pour les femmes qui se font βαισερ : elles ne pourront être φουτυες qu’avec la tête et les pieds passés dans un collier de cheval ! Quelle sévérité on introduit maintenant partout ! Même pour faire l’amour, il faudra être en uniforme ! — Il n’y a rien à dire, le tsar est le maître ! » observa le pope. Sa fille, présente à cette conversation, n’en avait pas perdu un mot. Quand

  1. Nom populaire de Saint-Pétersbourg.