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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/252

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CONTES SECRETS RUSSES

un coin et attendit sa tante. Mais celle-ci dit à son mari : « Écoute, vieux, notre cour n’est pas tranquille, on dirait qu’il y est entré une bête féroce, nos brebis ont pris l’alarme : est-ce qu’un loup ne se serait pas introduit dans la bergerie ? » Le vieillard alla dans la cour et demanda : « Qui est là ? — C’est moi, mon oncle ! — Pourquoi le diable t’a-t-il amené à une pareille heure ? — Qu’est-ce que vous voulez, mon oncle ? Mon père ne me laisse pas de repos ; tout à l’heure nous avons failli en venir aux coups. — Pourquoi cela ? — Eh bien ! il dit que tu as neuf brebis et un bélier, moi je lui soutiens que tu as seulement neuf brebis, attendu que le bélier tu l’as tué. — Oui, tu as raison : le bélier, je l’ai tué pour un dîner de baptême. Le vieux diable lui-même a assisté à ce dîner et il a mangé du bélier ! Quoiqu’il soit mon propre frère, demain, quand je le verrai, je lui cracherai au visage ! — Et moi, quoiqu’il soit mon propre père, je vais aller lui arracher la barbe ; il ne peut même pas laisser dormir les gens ! Adieu, mon oncle ! — Porte-toi bien ! » Pendant ce dialogue, la tante se tordait de rire.

Le lendemain, son neveu, en l’apercevant, lui dit : « Ah ! ma tante, ma tante ! Comment n’es-tu pas honteuse ? Je n’arriverai donc jamais à rien avec toi ! — Eh ! Vania, Vania, que tu es bête ! Ton oncle cause avec toi, est-ce que je puis aller te trouver ? Voilà déjà deux fois que tu échoues,