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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/253

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CONTES SECRETS RUSSES

tâche d’être plus heureux à la troisième. Viens cette nuit dans notre izba, tu sais où nous couchons, tu me reconnaîtras au toucher : j’aurai le κυλ à l’air. » Dès que la tante se fut mise au lit avec son mari, elle lui parla en ces termes : « Écoute ce que j’ai à te dire : je ne puis plus y tenir, voilà six ans que j’occupe le bord du lit ; à présent changeons de place, je veux être contre le mur. — Cela m’est égal, » répondit le vieillard, et il se coucha sur le bord. Au bout d’un certain temps, la paysanne reprit la parole : « Eh ! patron, qu’il fait chaud dans l’izba ! Regarde un peu, le poêle est fermé, sans doute ». Ce disant, elle posa la main sur le κυλ de son mari. « Ah ! tu es toujours en caleçon ! Cela n’est pas permis ! Demande donc à Loukian ou à Karp s’ils couchent jamais en caleçon avec leurs femmes ! » L’époux sentit la justesse de cette observation, il ôta son caleçon et s’endormit, le κυλ à l’air. Au premier chant du coq, le neveu se glisse dans le vestibule, applique son oreille contre la porte : le silence règne dans l’izba. Il ouvre tout doucement, pénètre dans la chambre et se met à tâter autour du lit. Sa main rencontre un κυλ qu’il croit être celui de sa tante et qu’il attaque vigoureusement. L’oncle, assailli de la sorte, pousse les hauts cris et empoigne le membre coupable. « Qu’est-ce que tu as, vieux ? » demande la tante. — « Lève-toi vite, allume un copeau, » fait-il d’une voix forte ; « j’ai pris un voleur. » La tante sort précipitamment du lit ; fei-