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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/257

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CONTES SECRETS RUSSES

— Quel imbécile tu es ! Le bonheur s’est offert à toi et tu n’as pas su le garder. Mais de quel côté est allé le soldat ? — Tiens, voilà la direction qu’il a prise. — Eh bien ! je vais le rattraper ! » Et la paysanne se mit avec son jeune fils à la poursuite du soldat.

Après avoir marché un certain temps, elle aperçoit en avant d’elle, sur la route, un soldat qui porte dans ses mains une cassette. Elle le rejoint. « Bonjour, militaire ! Où vas-tu ? — Je vais en congé, ma chère ! — Et à quel village te rends-tu ? — À tel endroit. — Eh bien ! c’est là aussi que je dois aller ; faisons route ensemble. — Soit. » La femme et le soldat cheminent en compagnie, on se met à causer. « Comment t’appelle-t-on, ma chère ? — Ah ! militaire, mon fils et moi nous avons des noms qu’on n’ose pas dire. — Pourquoi cela ? Qu’on ait honte de voler, bien, mais on peut tout dire sans qu’il y ait lieu d’être honteux. — Eh bien ! vois-tu, je m’appelle Nasérou[1], et mon fils Nasral[2]. — Allons, qu’est-ce que cela fait ? » Ils arrivèrent à une auberge où ils se mirent en devoir de passer la nuit ; dès que le soldat se fut endormi, la paysanne lui enleva la cassette, éveilla son fils, et tous deux retournèrent chez eux. À son réveil le soldat chercha autour de lui et, ne trouvant plus l’argent, commença à appeler : « Nasérou, Nasé-

  1. Cacabo.
  2. Cacavi.