Aller au contenu

Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
CONTES SECRETS RUSSES

gent. Le moujik fut enchanté, il ramassa la cassette, mais au moment où il allait se l’approprier, survint un soldat qui, ayant vu l’argent, lui dit : « Écoute, paysan ! Cet argent est à moi. Si tu me le rends, tu trouveras une cassette remplie d’argent dans chacun des sillons que tu vas creuser ! » Le paysan réfléchit et finit par céder sa trouvaille au soldat. Ensuite il se remit à labourer, traça un sillon, n’y trouva rien, en traça un second et ne fut pas plus heureux. « Évidemment je n’enfonce pas assez le soc ! » pensa-t-il, et il creusa la terre plus profondément : le cheval avait grand peine à tirer le soc ! et toujours point de trésor. La femme du moujik vint lui apporter son dîner et l’accabla de reproches : « Quel dur maître tu es ! Tu ne crains pas Dieu ; vois donc comme tu as mis le cheval en sueur ! Pourquoi laboures-tu si profond ? — Écoute, femme ! » répondit le paysan, dès que je suis arrivé dans le champ et que j’ai eu tracé mon premier sillon, j’ai déterré une cassette pleine d’argent ; mais le diable a alors amené un soldat : Si tu me donnes cet argent, m’a-t-il dit, tu trouveras autant de cassettes semblables que tu creuseras de sillons aujourd’hui. Je lui ai donné ma trouvaille, j’ai recommencé à labourer, mais voyant que je ne déterrais rien, je me suis dit : C’est sans doute parce que je n’enfonce pas la charrue assez avant, et je me suis mis à faire des sillons plus profonds. J’ai labouré, labouré toute la journée, et je n’en suis pas plus avancé !