Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
CONTES SECRETS RUSSES

tons. » La femme du pope servit le goûter auquel les deux hommes firent largement honneur. « Au fait, si du même coup nous soupions ? » observa ensuite l’ecclésiastique ; « nous passerons la nuit dans la campagne et demain nous pourrons nous mettre à l’ouvrage plus tôt. — Volontiers, batouchka. » La femme du pope leur servit à souper. Après ce repas, ils se levèrent de table. L’ouvrier prit son sarrau et se disposa à se retirer. « Où vas-tu, mon cher ? » lui demanda le pope. — « Comment, où je vais ! Vous savez vous-même, batouchka, qu’après le souper il faut aller se coucher. » Il se rendit à la remise et dormit jusqu’au lendemain matin. Depuis lors, le pope ne s’avisa plus de régaler en une seule fois son ouvrier d’un déjeuner, d’un dîner, d’un goûter et d’un souper.



LXXV

UN PARI


Un pope tenait une auberge sur une grande route ; les moujiks qui revenaient chez eux après avoir gagné de l’argent au dehors, allaient loger et dîner dans cette maison. Voilà qu’un jour le pope dit à un gars : « Eh bien ! mon cher, as-tu fait de