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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/268

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CONTES SECRETS RUSSES

Arriva le pope ; sa femme lui raconta tout. Il fut enchanté et régala de son mieux le moujik. Le lendemain matin, les deux hommes se rendirent ensemble à l’église. Le pope commença à dire la messe ; le paysan, debout dans le chœur, restait muet. « Pourquoi donc, au lieu de chanter, te tiens-tu debout sans rien dire ? » lui cria l’ecclésiastique. — « Soit, je vais m’asseoir puisque tu ne veux pas que je reste debout ! » répliqua le paysan, et il s’assit. Sur quoi, le pope cria de nouveau : « Pourquoi t’assieds-tu et ne chantes-tu pas ? — Eh bien ! je vais me coucher. » Et il s’étendit sur le parquet. Le pope s’avança vers lui et le mit à la porte, mais lui-même resta pour achever l’office. Le paysan retourna chez l’ecclésiastique. « Eh bien ! le service divin est fini ? » lui demanda la femme du pope. — « Oui, matouchka ! — Mais où est donc mon mari ? — Il est resté à l’église ; il doit enterrer un mort. Mais il m’a envoyé te demander sa pelisse neuve doublée de drap et son bonnet de castor : comme il a une longue route à faire, il veut se couvrir chaudement. » Pendant que la femme du pope allait chercher les deux objets demandés, le moujik passa derrière l’izba, ôta son bonnet, y fit ses ordures, et le déposa sur un banc ; ensuite il prit la pelisse du pope, son bonnet de castor et décampa.

L’ecclésiastique, sa messe finie, revint à la maison ; sa femme, le voyant vêtu de sa vieille pelisse, lui demanda ce qu’il avait fait de la neuve. — « Comment,