Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
CONTES SECRETS RUSSES


LXXVII

LA FEMME DU MARCHAND ET LE COMMIS


Un marchand, vieux barbon, avait épousé une jeune femme, et il avait plusieurs commis. Son premier employé s’appelait Potap ; c’était un beau gars ; il se mit à faire la cour à sa patronne, à plaisanter avec elle, et il réussit à gagner ses bonnes grâces. On le remarqua, on en parla au marchand. Celui-ci dit à sa femme : « Écoute, mon âme, les gens disent que tu vis avec le commis Potap… — Allons donc, est-ce que je consentirais à cela ? N’en crois pas les gens, crois-en tes yeux ! — On dit qu’il s’est, depuis longtemps, procuré tes faveurs ! Ne pourrait-on pas le mettre à l’épreuve d’une façon quelconque ? — Eh bien ! » reprend la femme, « écoute-moi ; affuble-toi de mes vêtements, va le trouver dans le jardin (tu sais où il loge), et dis-lui à voix basse : J’ai quitté mon mari pour venir chez toi. Tu verras alors ce qu’il dira. — Soit ! » répondit le marchand. La jeune femme, profitant d’un moment propice, fit la leçon au commis : « Quand mon mari viendra, » lui dit-elle, « flanque-lui une bonne tripotée dont le drôle se souvienne longtemps ! « Le marchand attendit la nuit, s’habilla des pieds à la tête avec