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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/271

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CONTES SECRETS RUSSES

les vêtements de sa femme et se rendit au jardin du commis. « Qui est là ? » demanda celui-ci. — « C’est moi, mon âme ! » répond tout bas le marchand. — « Pourquoi cette visite ? — J’ai quitté mon mari et je suis venue chez toi. — Ah ! coquine ! On dit déjà que je te fais la cour, et tu veux, paraît-il, que je me rende tout à fait odieux à mon patron ! » Ce disant, il accable le marchand de coups sur les épaules, sur le dos, bref, il lui donne une peignée complète : « Ne viens plus chez moi, gredine, ne me déshonore pas ; pour rien au monde je ne consentirai à de pareilles infamies ! » Le marchand s’échappa tant bien que mal, revint en toute hâte auprès de sa femme et lui dit : « Non, ma chère, à présent on aura beau me dire que tu vis avec le commis, je ne le croirai pas. Il s’est mis à m’injurier, à me vilipender et à me battre ; j’ai eu beaucoup de peine à me débarrasser de lui ! — Vois-tu ! Et tu crois tout ce qu’on te dit ! » reprit la marchande qui, à partir de ce jour, vécut sans aucune crainte avec le commis.

FIN