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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/40

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CONTES SECRETS RUSSES

et les noua autour des cuisses nues de Varioukha. C’était un mâle vigoureux que ce mari ; il assaillit sa femme avec tant de violence qu’elle jeta les hauts cris. Le cheval était jeune, il prit peur et partit à grand galop ; Danilo roula à terre et Varioukha, emportée à toute vitesse, arriva, les cuisses toujours nues, dans la cour de sa mère. Celle-ci, qui regardait par la fenêtre, reconnut l’équipage de son gendre. « Sans doute, » se dit-elle, « il apporte du bœuf pour la fête. » Elle alla au devant de lui et se trouva en présence de sa fille. « Ah ! ma mère, » cria la jeune femme, « délie-moi vite, que personne ne me voie en cet état. » Quand elle l’eut déliée, la vieille se mit à la questionner : « Et ton mari, où est-il ? — Le cheval l’a jeté en bas du traîneau. »

Entrées dans l’izba, les deux femmes aperçurent par la fenêtre Danilka, qui arrivait. Des enfants jouaient aux osselets dans la cour ; il s’approcha d’eux, puis s’arrêta et regarda autour de lui. La maîtresse de la maison dit à sa fille aînée d’aller le chercher. La jeune fille se rendit auprès de son beau-frère. « Bonjour, Danilo Ivanitch ! » commença-t-elle. — « Bonjour. — Viens à la maison, on n’attend plus que toi. — Varvara est chez vous ? — Oui. — Est-ce qu’elle ne saigne plus ? » La jeune fille lança un jet de salive et s’éloigna. La vieille envoya alors sa bru au devant du visiteur. « Viens, Danilouchka, » fit celle-ci, « il y a longtemps que le sang a cessé de couler. » Elle le