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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/39

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CONTES SECRETS RUSSES

tira au plus vite son membre ensanglanté et se sauva chez lui, où il s’assit dans un coin. « Ah ! peste soit d’elle ! » se dit-il, « son κον mord d’une façon terrible ! Pourvu seulement que ma blessure se cicatrise ! Désormais je ne rechercherai plus les faveurs d’aucune fille ! »

Voilà qu’au bout d’un certain temps les parents de ce gars s’avisèrent de le marier ; ils le fiancèrent à la fille du voisin et le mariage eut lieu. Un jour, deux jours, trois jours se passent, puis une semaine, deux semaines, trois semaines : le jeune homme n’osait pas toucher à sa femme. Sur ces entrefaites, les époux durent aller voir la mère de la mariée ; ils se mirent en route. Pendant le voyage, la jeune femme dit à son mari : « Écoute, cher Danilouchka ! pourquoi, m’ayant épousée, n’as-tu pas de relations avec moi ? Si tu ne peux pas, quel besoin avais-tu de faire le malheur de ma vie ? — Non, répondit Danilo, « à présent tu ne m’y repinceras plus ! Ton κον mord. Il m’en a cuit dans le temps, et ce n’est pas sans peine que j’ai été guéri. — Tu plaisantes, » reprit-elle, « alors je t’ai fait une farce, mais maintenant n’aie pas peur ! Allons, essaie un peu ici, dans le traîneau, toi-même tu trouveras ça bon. » Excité par ces paroles, le jeune homme retroussa la robe de sa femme : « Attends, Varioukha, » dit-il, « laisse-moi d’abord te lier les jambes ; comme cela, s’il commence à mordre, je pourrai me sauver. » Là-dessus, il détacha les guides