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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/45

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CONTES SECRETS RUSSES

dit-il, « il n’y a là rien à φουτρε. » Mais il n’osa pas descendre du sochet. Le garçon d’honneur arriva pour faire lever les époux. « Bonjour, jeune Gritzko, » fait-il en cognant à la porte. — « Bonjour ! » répondit l’interpellé, toujours juché sur le sochet. — « Eh bien ! Gritzko, as-tu trouvé les poils ? — Oui. — Et tu es monté ? — Oui, mais le diable c’est que je suis encore là. — Laisse-toi tomber sur le côté. » Le jeune homme suivit ce conseil et, en tombant, se fit à la tête une plaie saignante. « Eh bien ! » reprit le garçon d’honneur, « tu t’es laissé tomber ? — Oui. — Est-ce que cela a saigné ? — Pour sûr ! Ouvrez donc la porte ! » Dès qu’on l’eut ouverte, Gritzko sortit précipitamment de la maison et courut vers la steppe où paissaient ses brebis. Comme il passait devant la cour du pope, des chiens s’élancèrent tout à coup sur lui. Le jeune homme se sauva et chercha un refuge dans l’église, qu’il trouva remplie de monde (c’était un dimanche), « Que de gens ces chiens ont forcés à se réfugier ici ! » pensa Gritzko, surpris de rencontrer là une telle foule. « Ils parlent à voix basse, ils saluent, qu’est-ce que cela signifie ? » Ensuite il aperçut le pope vêtu d’une chasuble dorée ; l’ecclésiastique s’avançait en saluant toujours, accompagné d’un nombreux cortège ; il s’approchait de Gritzko. « Qu’est-ce que c’est ? » fit à part lui ce dernier, « il jette du feu sur les gens ! » Voyant enfin le pope tout près de lui, Gritzko lui dit : « Doucement, batko, ne me brûle pas les yeux. »