Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
CONTES SECRETS RUSSES

il fut près du champ, il la fit mettre à quatre pattes, releva ses jupons, lui fourra une carotte dans le κυλ et lui cacha le visage avec ses cheveux dénoués. Pour ce qui est du diable, il attrapa un lièvre, monta dessus et, en arrivant, demanda au moujik : « Sur quoi suis-je venu ? — Qu’est-ce qu’il mange ? » interrogea le paysan. — « Des pousses de tremble. — Alors, c’est un lièvre. » De son côté, le diable essaya de reconnaître la monture du paysan et se mit à tourner autour. « Ces crins, » observa-t-il, « c’est la queue, et voici la tête, mais elle mange une carotte ! » Ce détail dérouta complètement le diable, et il s’avoua vaincu. Le paysan tira les navets, les vendit et commença dès lors à prospérer.



XXVII

LE PAYSAN QUI FAIT LA BESOGNE DE SA FEMME


On était au moment de la moisson ; un paysan et sa femme allaient chaque jour faucher leur blé. Tous les matins, à la première heure, la femme éveillait son mari, il partait travailler dans son champ ; quant à l’épouse, elle restait au logis pour allumer le poêle, faire la cuisine, vaquer aux soins du ménage ; ensuite elle portait à dîner à son homme,