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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/72

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CONTES SECRETS RUSSES

la crème se répand par terre. Ne songeant qu’à courir au secours de la poule, le paysan oublie de fermer la porte de la maison, les cochons y entrent, culbutent le pétrin, dévorent toute la pâte et en font autant du millet. Après avoir vainement essayé d’arracher la poule et les poussins aux serres de l’autour, le moujik revient chez lui et trouve l’izba pleine de cochons qui l’ont transformée en une étable infecte ; il les chassa non sans peine : « Que faire maintenant ? » se demanda-t-il ; « quand ma femme arrivera, elle sera furieuse ! J’ai fait de bel ouvrage, il n’y a pas à dire ! Allons, je vais rechercher les chemises qui trempent dans l’eau, » Il attela sa jument et se rendit avec sa charrette à la rivière ; mais là, il eut beau promener ses yeux de tous côtés : le linge avait disparu ! « Je vais chercher dans l’eau ! » Il se déshabilla, ôta sa chemise et son pantalon, puis entra dans la rivière, qu’il explora inutilement dans tous les sens. De guerre lasse, il regagna la rive, mais il n’y retrouva plus ni sa chemise, ni son pantalon : quelqu’un les avait pris. Que faire ? Impossible de se rhabiller et pas moyen de retourner tout nu au village ! « Je vais arracher de hautes herbes, » se dit-il, « et j’en couvrirai mon υιτ ; ensuite je remonterai dans la charrette et je reviendrai à la maison : comme cela, ce sera toujours moins indécent ! » Il arracha des herbes et s’en fit une sorte de petit tablier. La vue de cette verdure mit le cheval en appétit : l’animal la happa d’un coup de dent sans même épargner les parties