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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/71

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CONTES SECRETS RUSSES

commencer. Finalement il prît les chemises, les porta à la rivière et, quand il les eut mises dans l’eau, retourna chez lui en se disant : « Bah ! je puis bien les laisser tremper un moment, je reviendrai les étendre tout à l’heure et elles sécheront. » Mais la rivière était fort rapide et toutes les chemises furent emportées par le courant. Rentré à la maison, le moujik mit de la farine dans le pétrin et y versa de l’eau. « Je vais laisser la farine s’humecter ! » Ensuite il mit du millet dans le mortier et commença à le piler ; mais, sur ces entrefaites, il aperçut la poule qui vagabondait dans le vestibule, tandis que ses poussins s’étaient dispersés de divers côtés. Aussitôt le paysan s’empara de ces derniers et les attacha tous ensemble, en leur liant les pattes avec un cordon qu’il noua ensuite à la patte de leur mère ; après quoi, il se remit à piler le millet. Mais l’idée lui vint qu’il fallait aussi faire le beurre. Il prit la platole contenant la crème et se l’attacha au κυλ. « Comme cela, » pensa-t-il, « pendant que je broierai le millet, la crème sera secouée et le beurre se fera tout seul. »

Tandis qu’il est en train d’exécuter ce programme, la poule va rôder dans la cour, traînant ses poussins à sa suite ; tout à coup un autour fond sur elle, la saisit dans ses serres et l’enlève avec tous les petits poulets. Aux cris poussés par la malheureuse famille, le moujik s’élance hors de l’izba, mais dans la précipitation de ce mouvement, la platole heurte violemment contre la porte, se brise et toute