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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/85

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CONTES SECRETS RUSSES

rents qu’ils consentissent à son union avec ce jeune homme.

La nuit des noces, la mariée constata que le υιτ de son époux n’était pas long comme le doigt. « Ah ! drôle, » vociféra-t-elle, « tu te vantais d’avoir un υιτ descendant jusqu’au genou, qu’est-ce que tu en as fait ? — Ah ! madame mon épouse, tu sais qu’avant notre mariage j’étais fort pauvre ; quand j’ai dû pourvoir aux frais de la noce, je n’avais ni argent ni rien sur quoi je pusse m’en faire prêter, force m’a donc été de mettre mon υιτ en gage. — Et pour quelle somme l’as-tu engagé ? — Pas pour une grosse somme, pour cinquante roubles. — Allons ! c’est bien ; demain j’irai trouver ma mère, je lui demanderai de l’argent et tu dégageras ton υιτ ; il le faut absolument ; sinon, ne remets pas les pieds ici ! » Le lendemain matin, la jeune femme courut dire à sa mère ; « Je t’en prie, matouchka, donne-moi cinquante roubles, j’en ai grand besoin ! — Pourquoi te les faut-il, dis-moi ? — Eh bien ! ma mère, voici pourquoi : mon mari avait un υιτ descendant jusqu’au genou, mais, à la veille de notre noce, le pauvre homme, faute de pouvoir se faire prêter de l’argent sur autre chose, l’a engagé pour cinquante roubles. À présent mon mari a un υιτ qui n’est pas long comme le doigt ; il faut absolument qu’il dégage l’ancien ! » La mère comprit cette nécessité, elle donna cinquante roubles à sa fille, qui alla aussitôt les porter à son