Aller au contenu

Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
CONTES SECRETS RUSSES

richement, mais moi que ferai-je ? Je suis pauvre, je n’ai d’autre richesse qu’un υιτ descendant jusqu’au genou. » En ce moment la fille d’un marchand passait à côté du groupe formé par les trois frères ; elle entendit cette conversation et se dit à part soi : « Ah ! si je pouvais épouser ce jeune homme ! Il a un υιτ qui lui descend jusqu’au genou ! » Les frères aînés se marièrent et le plus jeune resta garçon. Mais, rentrée chez elle, la fille du marchand ne songea plus qu’à l’épouser. Plusieurs commerçants la demandèrent en mariage, elle les refusa tous. « Je n’aurai, » dit-elle, « d’autre mari que tel jeune homme. » Ses parents se mirent à la sermonner : « À quoi penses-tu, sotte ? Sois raisonnable ! Comment peut-on épouser un pauvre paysan ? — Ne vous inquiétez pas de cela, » leur répondit-elle, « ce n’est pas vous qui devrez vivre avec lui. » Puis, elle s’aboucha avec une marieuse de profession et l’envoya dire à ce gars de venir demander sa main. S’étant rendue chez le paysan, la marieuse lui dit : « Écoute un peu, mon cher ! Pourquoi lambines-tu ainsi ? Va demander en mariage la fille de tel marchand ; elle t’aime depuis longtemps et sera heureuse de t’épouser. » À ces mots, le moujik mit un sarrau neuf, un bonnet neuf, et alla incontinent trouver le père de la jeune fille. Celle-ci n’eut pas plus tôt aperçu le visiteur, qu’elle reconnut en lui l’homme qui avait un υιτ descendant jusqu’au genou. À force d’instances, elle obtint de ses pa-