Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/102

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Mrs Wilson gravement ; et ce sujet fut abandonné, quoiqu’il ne cessât d’occuper leurs pensées que lorsque le sommeil vint fermer leurs paupières.

Le lendemain matin, Mrs Wilson engagea Grace et Émilie à l’accompagner à la promenade ; tous les jeunes gens étaient occupés chacun de leur côté : Francis employait presque toutes ses matinées à des visites pastorales ; John était retourné au château chercher ses chiens et son fusil de chasse pour faire la guerre aux coqs de bruyère, et Denbigh était sorti sans dire où il allait.

En atteignant la grande route, Mrs Wilson pria ses jeunes compagnes de la conduire à la chaumière où était logée la famille du pauvre jardinier. Après avoir frappé à la porte, elles entrèrent dans une chambre où la femme du laboureur à qui appartenait la cabane était occupée aux soins de son ménage ; elle leur dit que la famille du jardinier était dans la pièce voisine, mais qu’un jeune ecclésiastique y était entré depuis un quart d’heure. — Je crois, Milady, que c’est notre nouveau ministre, dit la bonne femme en faisant force révérences, et en leur offrant des chaises ; car, quoique je n’aie pas encore trouvé le temps d’aller entendre un de ses sermons, tout le monde dit qu’il est le père des pauvres et des affligés.

Les dames, trop discrètes pour interrompre Francis dans l’exercice de ses pieux devoirs, s’assirent en silence en attendant qu’il sortît ; mais une voix bien connue, qui parvint jusqu’à elles au travers de la mince cloison, fit tressaillir Mrs Wilson, et fit battre vivement le cœur d’Émilie.

— Il paraît, Davis, d’après votre propre aveu, dit Denbigh avec douceur, quoique d’un ton de reproche, que vos actes fréquents d’intempérance ont pu donner à l’intendant de justes raisons pour vous renvoyer.

— N’est-il pas dur, Monsieur, reprit le jardinier, d’être mis sur le pavé avec une famille comme la mienne pour faire place à un jeune homme qui n’a qu’un enfant ?

— C’est un malheur pour votre femme et pour vos enfants, dit Denbigh ; mais c’est justice par rapport à vous. Cependant, d’après les promesses que vous venez de me faire, voici une lettre que vous porterez à son adresse. Je vous donne ma parole que vous serez employé sur-le-champ, et que, si vous vous conduisez bien, vous n’aurez pas à vous plaindre de votre sort. Cette seconde