Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/101

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gnait si ouvertement comme l’amant, comme l’époux qui lui convenait.

Les manières ouvertes de Denbigh lui prouvèrent bientôt qu’il ignorait le contenu de la lettre dont il avait été porteur, et Émilie sentit se dissiper son embarras.

Francis revint bientôt, accompagné de sa femme et de sa tante, et il fut enchanté de voir les nouveaux hôtes qui lui étaient arrivés. Ses parents n’étaient point encore de retour de leur petit voyage, et il engagea Denbigh à rester à Bolton ; John promit aussi de leur consacrer quelques jours, et tout fut arrangé à la satisfaction générale.

En toute autre occasion, Mrs Wilson n’eût pas vu avec plaisir que des jeunes gens vinssent habiter sous le même toit que les jeunes personnes qui lui étaient confiées ; mais son séjour chez Clara tirait à sa fin, et il pourrait lui fournir l’occasion de juger le caractère de Denbigh. Quant à Grace Chatterton, quoiqu’elle eût trop de délicatesse pour avoir l’air de suivre un amant, elle aimait assez à en être suivie, surtout lorsque l’amant était John Moseley.



CHAPITRE XVI.


Oui, laissez-les faire ; elles entendent à merveille l’art d’unir deux jeunes cœurs………….....
…………Le moment vient ; la jeune fille pâlit, tremble et se désespère.
Lord Byron


Je suis fâchée que M. Denbigh ne soit pas riche, ma tante, dit Émilie presque involontairement, lorsque le soir elle se trouva seule avec elle. Mrs Wilson regarda sa nièce avec surprise en lui entendant faire une réflexion si éloignée de son caractère. Celle-ci, un peu confuse d’avoir trahi les pensées qui l’occupaient, raconta à sa tante les incidents de leur promenade du matin, et dit un mot en passant de la différence qu’il y avait eu entre l’aumône de son frère et celle de Denbigh.

— Prodiguer l’argent n’est pas toujours exercer la charité, dit