Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/147

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sitation, salua d’un air respectueux. Émilie s’avança vers elle, lui prit la main, et les deux dames se demandèrent réciproquement de leurs nouvelles.

C’était l’amie de la belle inconnue qu’Émilie avait rencontrée à Bath, et cette dernière apprit, avec autant de plaisir que de surprise, que la jeune Espagnole, qui se nommait Mrs Fitzgerald, demeurait dans une petite maison isolée à cinq milles de L*** ; elle s’y était établie depuis six mois avec sa compagne, et comptait y rester, à moins qu’elle ne se décidât à retourner en Espagne, ce que cette dernière commençait à espérer depuis la paix.

Émilie ayant demandé et obtenu la permission d’aller les visiter dans leur retraite, la dame espagnole partit, et Jane, ayant fait choix des livres qu’elle désirait, reprit avec John et Émilie le chemin de Benfield-Lodge.

Chemin faisant, Émilie raconta à son frère la rencontre qu’elle avait faite, et lui dit qu’elle avait appris, pour la première fois, le nom de leur belle inconnue, et qu’elle était ou avait été mariée. John écouta sa sœur avec le vif intérêt que lui avait inspiré la belle Espagnole dès leur première rencontre, et lui dit en riant qu’il ne pouvait croire que l’aimable étrangère eût jamais été mariée. Pour éclaircir ce doute et satisfaire le désir qu’ils avaient tous deux de renouveler connaissance avec elle, ils convinrent de diriger leur promenade, le lendemain matin, vers le petit ermitage, accompagnés de Mrs Wilson et de Jane, si elle le désirait. Mais le jour suivant avait été désigné par Egerton comme celui de son arrivée à L***, et Jane refusa de se joindre à eux, sous prétexte de quelques lettres qu’elle avait à écrire.

Jane avait lu avec soin tous les journaux depuis le départ du colonel, et après y avoir vu son arrivée à Londres, elle y avait trouvé les détails de la revue de son régiment, Il n’avait écrit à personne de la famille ; mais, jugeant des sentiments du colonel d’après les siens, Jane n’avait pas le moindre doute qu’il n’arrivât, au jour indiqué, sur les ailes de l’amour.

Mrs Wilson écouta avec plaisir le récit que lui fit sa nièce de sa rencontre inespérée avec la belle inconnue dans les salons de lecture, et elle accepta avec empressement le projet de visite pour le lendemain, désirant chercher à adoucir les chagrins de la nouvelle connaissance d’Émilie, et surtout étudier à fond son caractère.