Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/154

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En entrant dans le salon, elles virent l’élégant colonel Egerton appuyé sur le dossier de la chaise de Jane ; il était arrivé pendant leur absence, et s’était fait conduire immédiatement à Benfield-Lodge.

Sa réception, si elle n’avait pas été aussi amicale que celle de Denbigh, avait du moins été cordiale, excepté cependant de la part du maître de la maison ; et encore ce dernier était-il si joyeux de se voir entouré de sa famille et de la perspective du mariage d’Émilie (qu’il regardait comme arrangé), qu’il prit sur lui de chercher à dissimuler l’éloignement qu’il se sentait pour Egerton. Soit que le colonel se laissât tromper par les apparences, soit qu’il fût trop homme du monde pour ne pas savoir composer son visage, la bonne intelligence, si elle n’existait pas au fond de leurs cœurs, semblait du moins régner entre eux.

Lady Moseley se trouvait au comble du bonheur. Si jamais elle avait eu le moindre doute sur les intentions d’Egerton, son voyage aux eaux les moins à la mode de toute la Grande-Bretagne, était une preuve irrécusable de son amour. Quant à Denbigh, elle croyait sa position dans le monde trop peu brillante pour qu’il négligeât de profiter des avantages que lui offrait une alliance avec la famille de sir Edward Moseley ; et elle était satisfaite de ses deux gendres futurs.

M. Benfield lui avait appris que le général sir Frédéric Denbigh était proche parent du duc de Derwent, et Denbigh avait dit que le général était son grand-père.

L’héritier de sir Edgar devait jouir d’une brillante fortune ; et Émilie en aurait assez par suite des intentions bienveillantes de Mrs Wilson et de M. Benfield, pour n’avoir pas besoin d’en trouver chez son mari. La tâche la plus difficile pour une mère lui paraissait remplie, et elle n’entrevoyait qu’un avenir de paix et de bonheur, embelli par les soins de ses enfants et de ses petits-enfants.

John, l’héritier d’une baronnie et de quinze cents livres sterling de revenu, pourrait se marier suivant son goût ; et elle pensait que Grace Chatterton deviendrait probablement sa belle-fille.

Sir Edward, sans voir tout à fait aussi loin dans l’avenir que sa femme, se sentait pénétré, comme elle, de sécurité et de bonheur ; et il eût été difficile de trouver dans toute l’Angleterre une maison qui réunît plus de gens heureux que Benfield-Lodge ; car le vieux gentilhomme ayant insisté pour que Denbigh devînt un