Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Toute la famille est d’accord, du moins à ce que je puis croire ?

— Et le révérend docteur Yves, et Mrs Yves. Monsieur ?

— Je sais qu’ils souhaitent vivement ce mariage. Ne désirent-ils pas voir tout le monde aussi heureux qu’ils le sont, Peter ?

— Cela est bien vrai, Monsieur ; mais puisque tout le monde y consent et que tout le monde est d’accord, la seule chose à faire, c’est…

— C’est… quoi, Peter ? s’écria son maître impatient en voyant qu’il hésitait.

— C’est, je pense, Monsieur, d’envoyer chercher un prêtre.

— Fi donc ! Peter, j’aurais bien trouvé cela moi-même, s’écria son maître désappointé. Ne pouvez-vous m’aider à dresser un meilleur plan ?

— Mon cher maître, dit Peter, je voudrais pouvoir faire pour miss Emmy et pour Votre Honneur ce que j’aurais bien désiré faire pour moi-même. Hélas ! Monsieur, lorsque je courtisais Patty Steele, Votre Honneur, dans l’année de Notre Seigneur 1765, je l’aurais épousée sans une difficulté qui, à ce que dit Votre Honneur, ne s’oppose point au mariage de miss Emmy.

— Que vous manquait-il donc, Peter ? lui demanda son maître d’une voix attendrie.

— Son consentement, Monsieur.

— Je vous remercie, mon pauvre Peter, dit M. Benfield doucement, vous pouvez vous retirer ; et l’intendant sortit en s’inclinant respectueusement.

La passion malheureuse que tous deux avaient nourrie était un des liens sympathiques les plus forts qui unissaient le maître et son fidèle serviteur, et le premier ne manquait jamais d’être adouci par la moindre allusion que son intendant faisait à Patty. Après bien des réflexions, M. Benfield attribua le manque de tact de Peter en cette occasion à ce qu’il n’avait jamais siégé au parlement.