Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/214

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clara qu’il lui était impossible de souscrire à la condition que lui imposait son père, et que sa résolution était inébranlable.

Le général l’écouta patiemment, sans colère, mais avec une surprise évidente ; il avait cru qu’elle n’avait demandé à le voir que pour lui apprendre qu’elle était prête à partir avec lui, et à se soumettre aux volontés du comte. Il ne montra néanmoins aucune émotion. Il lui dit positivement qu’elle n’avait d’autre moyen de revoir son père que de renoncer à son hérésie, et que c’était à cette seule condition qu’il la reconnaîtrait pour sa fille et pour son héritière. Julia exprime les regrets qui déchiraient son cœur ; mais elle n’en persista pas moins dans ce qu’elle avait dit, et ses deux amies se retirèrent pour la laisser jouir en liberté du plaisir de revoir un si proche parent.

Julia, restée seule avec son oncle, s’empressa de lui raconter son histoire, et ce récit dissipa tous les doutes qui auraient pu lui rester encore sur sa conduite. À peine l’eut-il entendue, qu’il témoigna le désir de repartir sur-le-champ pour Londres, dans l’espoir d’y retrouver un certain monsieur qu’il y avait vu, et auquel il n’avait pas rendu la justice qu’il méritait. Quel était ce monsieur ? quels rapports son oncle pouvait-il avoir avec lui ? c’est ce que Julia ne put découvrir, la taciturnité et le mystère formant la base du caractère du général.





CHAPITRE XXXI.


Ce couple connaîtra du moins la douceur d’un amour sincère.
Burns.


Le soleil venait de se lever sur une des plus belles vallées du comté de Caernarvon, lorsqu’une magnifique voiture de voyage, attelée de six chevaux, sortit majestueusement des écuries d’un superbe château, et vint se placer devant la grande porte, d’où l’on découvrait une perspective étendue qui comprenait les grands et fertiles domaines dont les revenus remplissaient les coffres du